Où l’écart est un silence qui veille...

Où l’écart est un silence qui veille, je peux ma part de mère, de père, des kilomètres de cimes argentées. Je peux l’extension du grand jeu, l’aimer et le souffrir, à peine trop d’enfance. Les premiers deuils sont des pierres qui éclatent entre les dents. Le vide autour est un regard.

 

***

 

Je peux ne rien voir du nom, ne rien dire des bontés qui occupent la chambre. J’enfile le jour tel un vêtement. Je passe ma langue sur un poème. Je peux ta voix, bientôt sa perte, baiser au flanc comme à la craie. Tous les vivants sont à ma taille, les vivants avec des trous. À quel moment ouvrir les pluies ?

 

***

 

Croisée d’oiseaux dans la poitrine, ciel abattu d’un coup, et sans demander grâce, je peux balafres à force de crier. À force de périr, je peux ce qui n’existe pas, pitié ou raison, mes dents qui coupent tes cheveux, et, plus vaste, ce blanc dans ta paume.

 

***

 

Ai-je oublié la danse et son couvercle ? L’origine des fêtes merveilleuses à boire, à toucher ? Tourne, tourne les couteaux de poussière, l’instinct des animaux sous la langue. Je peux m’arracher tout entière, lancer la bouche aux premiers jours et, du même âge, apparaître.

Référence bibliographique

Martine Audet, Ma tête est forte de celle qui danse, Éditions du Noroît, 2016, p. 14, 16, 40, 42.

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